Ils font plus que revendiquer une liberté radicale : ils l'incarnent. Six ans après son premier album, le quatuor parisien s'est imposé comme l'une des meilleures formations live du pays. Sans leader identifié (tout le monde écrit, chante et compose), le groupe prolonge dans son troisième disque, Pink Colour Surgery, ses envies d'expérimentations, en laissant plus de place à l'improvisation. En résulte du punk synthétique et noisy directement connecté au vacarme de l'inconscient, invitant à un lâcher prise total. Et quand le raz-de-marée sonore est passé, l'excitation qui reste est encore signée Psychotic Monks.
Rien qu'avec son nom, le quartet de Belfast donne le ton. Celui-ci renvoie en effet au surnom donné à la bombe atomique tombée sur Hiroshima et au tube d'Orchestral Manoeuvres In The Dark. Formé en 2019 à peine, le groupe a déjà conquis l'Europe par ses prestations furieuses. Leurs titres, tirant autant sur l'indus que du côté de The Cure ou My Bloody Valentine, explorent ainsi la noirceur de l'âme humaine avec une énergie exaltante. Les riffs de basse cinglants s'entrechoquent aux textures de guitare oppressantes, hurlantes, portés par un chant aux scansions hip-hop. Le fruit d'une rage déchaînée.
Quel est leur secret ? Ce sextet londonien promet un post-punk groovy, citant The Fall, LCD Soundsystem et bien sûr Gang Of Four en références. Un registre où la concurrence est rude. Pourtant, Deadletter s'élève aisément au-dessus de la mêlée, à coups d'élégance et de savoir-faire. En novembre, leur premier EP le confirmait : le groupe sera l'incontournable de 2023. Leur musique déborde d'une énergie dansante, avec une touche de saxophone pour la relever. Et qui ne peut que décupler sur scène.
Tout passe mieux avec de l'humour. Même la colère. Dans ce registre, Joe & The Shitboys savent aller droit au but, avec des titres savoureux comme « Save the Planet, You Dumb Shit » ou « Life Is Great You Suck ». Venus des Îles Féroé (archipel à la vitalité musicale hors-normes au vu de ses 54 000 habitants), ils livrent un punk hardcore à la fois accrocheur, désinvolte et attachant. Le message porté par ces « vegans bisexuels » revendiqués y est toujours cinglant, dans des chansons dépassant rarement 1'30. Chez eux, la bienveillance est tout sauf mièvre. C'est un doigt d'honneur aux couleurs de l'arc-en-ciel.
Au fond de nous, un (maxi)monstre sommeille, qu'un rien pourrait réveiller. Une ligne de basse, une rythmique hypnotique, une guitare débridée. Tout ce en quoi excelle ce sextuor montréalais, guidé par le chant tout en français (et diablement sexy) de Félix Belisle. Si leurs deux albums délivrent une nu-disco savoureuse rappelant L'Impératrice, leurs lives furieux transforment ces chansons en longues plages punk funk incandescentes. Se déploie alors un tourbillon de groove, dont on ressort immanquablement en transe.
Partout où elles passent, la haine ne repousse pas. Telles des Spice Girls déglinguées, le trio féminin au queer revendiqué a tout pour plaire. Chaotiques, libres, ces héritières de Bikini Kill cultivent un mélange d'auto-dérision et de féminisme radical dans des chansons punk qui vont droit au but. S'il n'y a pas de safe space, elles vont en créer un à coups de décibels. L'idée de s'excuser d'être là ne leur traverse même pas l'esprit. Sur scène, une seule chose les préoccupe : faire un maximum de bruit et en tirer une joie pure et primale.
Post-punk + italo pop = Ada Oda. Une formule efficace, mais presque réductrice au vu des nombreux atouts du groupe bruxellois. Celui-ci est né du confinement et de la rencontre entre le guitariste César Laloux et la chanteuse Victoria Barracato, fille de chanteur sicilien. Avec un album fin 2022, et surtout des concerts exaltants, le quintet a prouvé son talent pour les chansons rock simples et irrésistibles, toutes en italien. Car on y chante l'amour triste avec une joie communicative, et encore plus de fraîcheur qu'une limonade sicilienne.