Après les succès stratosphériques de ses deux premiers albums, Lomepal a pris du recul. Que raconter de plus, lui qui se confie depuis des années sur ses sentiments et questionnements ? Avec l'excellent Mauvais Ordre, son troisième disque, il semble avoir trouvé la solution, envisageant sa musique pour le live, avec musiciens, comme un groupe de rock qui ferait toujours du rap - le meilleur des deux mondes ! De quoi faire souffler un vent nouveau sur l'éternelle formule DJ-MC. Et côté texte, il se plonge dans la fiction, racontant des histoires qui ne sont plus les siennes. A moins que ?
Dans ses beats nocturnes, il cherche l'émotion avant tout. Ce rappeur au flow nonchalant semble être une version La Courneuve des personnages romantiques du XIXème siècle : perdus dans leur époque, et pourtant très lucides sur celle-ci. Depuis ses débuts, il y a dix ans, aux Rap Contenders en tant que Dinos Punchlinovic, il a su prendre son temps, peaufiner son art, pour devenir ce poète héritier de MC Solaar. Au point de devenir un incontournable pont entre les générations, mais aussi entre la rive droite et la rive gauche, les deux parties de sa ville de cœur s'opposant dans Hiver à Paris, son dernier album : d'un côté le luxe et la sophistication, de l'autre la galère et la violence. Mais quel que soit le quartier, Dinos sait trouver les mots.
Après avoir été toplineuse, écrivant, dans l'ombre, des mélodies et des paroles pour d'autres rappeurs, Meryl a rejoint la lumière il y a trois ans avec « Béni », description brute de la dureté du monde qui l'entoure. Une révélation qui ne cesse de se confirmer depuis, entre trap, hip-hop et dancehall, pour une rappeuse un tantinet mystérieuse - elle a disparu plusieurs mois des réseaux avant d'être récemment signée chez Universal - et portant haut le flow du français et du créole de la Martinique, l'île qui l'a vue naître.
Comment être crue sans être vulgaire ? Comment raconter, avec humour et sensibilité, à la fois le désir, la rage et l'amour ? Avec ses chansons en français en forme de coups de griffes vernies, Kalika arrive à jouer de ses paradoxes, elle dont le nom renvoie à Sara la Kali, sainte vénérée par la communauté gitane avec qui elle a grandi, et à Kali, déesse hindoue de la destruction. De quoi atomiser, à force de mode excentrique, d'insolence et de pop trash, toute l'image lissée que l'on pourrait attendre d'une jeune chanteuse.