Les Archives départementales du Cher conservent une source exceptionnelle pour la connaissance de l'Occupation : les archives des services locaux de la propagande allemande en France qui se sont installés à Bourges dès l'été 1940. Ces archives montrent qu'une vie culturelle riche et variée a bel et bien existé à Bourges sous l'Occupation. Certes, il fallait respecter les critères drastiques imposés par les autorités allemandes, mais les distractions ne manquaient pas : représentations théâtrales par des troupes d'importance nationale, variétés avec des vedettes de grand renom, opérettes nombreuses, concerts de solistes réputés, sans parler du cinéma ou des conférences données par des personnalités politiques en vue et des éditorialistes, dont certains animateurs très connus des émissions de radio-Paris. Si ces manifestations étaient autorisées, sinon souhaitées par les plus hautes autorités allemandes, c'est qu'il fallait convaincre la population française non seulement d'adhérer à la politique de collaboration, mais encore de s'engager pleinement dans le combat pour l'Europe nouvelle contre le bolchevisme et le judaïsme mené par l'Allemagne nazie. D'une certaine manière, tous ces spectacles ont sans doute aidé les populations à surmonter, ou du moins à oublier pour un moment, leur triste réalité, en même temps qu'ils constituaient pour les Allemands vainqueurs un moyen de manipuler l'opinion à leur profit. l'exploration des documents portant sur la vie culturelle à Bourges pendant les quatre années d'occupation illustre parfaitement toute l'ambiguïté de cette époque, camaïeu de noir et de gris.